Comme la master Eliane Piret-Declerck ou la junior Alice Chivet, le sauteur en hauteur Baptiste Dimpre dispute ces samedi 22 et dimanche 23 février les championnats de France cadets à Miramas où il aura une vraie chance de podium.
Il n’a encore que 16 ans et il vient de faire preuve d’une grande maîtrise en réalisant un bond à 2,00 m, le samedi 15 février, lors du meeting de saut en hauteur à Amiens. La veille, à la question : Quel est ton objectif aux championnats de France ? Il répondait : « 2,00 m et c’est…maintenant. » Faisant preuve d’une remarquable confiance en prononçant ces quelques mots posés, comme la barre qu’il va franchir et en esquissant un léger sourire, Baptiste Dimpre vient de passer le message : « Je suis prêt » …
Comment es-tu venu à l’athlétisme, à quel âge ? Comment t’es venu le choix du saut en hauteur ?
« A la base, je jouais au football. Mon père a toujours fait de l’athlé, c’est lui qui m’a initié, j’avais 8 ans. Mon père et mes oncles pratiquaient le demi-fond. A 10 ans, j’ai laissé le foot et j’ai commencé l’athlétisme. Pendant 3 ans, j’ai découvert toutes les disciplines et c’est en tant que poussin que j’ai participé à des compétitions de triathlon athlé. J’aimais bien, mais je n’aimais pas l’esprit de compétition. A 13 ans, je suis passé aux épreuves combinées, et là, j’ai bien aimé l’ambiance. J’ai commencé à m’intéresser à ce que faisaient Romain Barras, Kevin Mayer et Bastien Auzeil. C’étaient mes modèles. J’ai participé aux compétitions et j’ai commencé à être dans le haut des classements. Je suis arrivé à Calais en minime 1, à 14 ans. Je garde un très bon souvenir de cette période, 1,64m au Touquet en open. Puis je suis passé en minime 2 et durant l’hiver lors des épreuves combinées, je passe de 1,67 m à 1,80 m. Une progression faite en 6 mois ; c’est à ce moment-là que j’ai choisi le saut en hauteur. »
Un choix judicieux, puisque tu as récemment validé ta participation aux championnats de France en salle cadets qui se déroulent à Miramas les 22 et 23 février. Tes débuts dans cette discipline sont encourageants et quelle belle marge de progression, janvier 2018 tu franchis 1,70 m lors des départementaux à Liévin, puis septembre 2019 –1,85 m- à Gravelines et décembre 2019 -1,98 m- à Oignies. Quel est ton prochain objectif ? Quels sont tes autres ambitions ?
« Mon prochain objectif, c’est la barre des 2,00 m , et ça, c’est… maintenant (l’interview a été réalisée avant le meeting d’Amiens, ndlr) … Et, l’objectif suivant, ce sera 2,03 m pour une qualification aux championnats d’Europe. »
Une discipline exigeante, où la recherche du saut parfait est constante, le saut qui te donnera cette explosion de joie. Et pour en arriver là, il faut travailler et, c’est ce que tu fais avec Yannick Le Guillou, Fabien Sudres et Benjamin Courbot, tes coachs, comment se déroulent tes entraînements, combien d’heures par semaine y consacres-tu ?
« Je m’entraîne 5 fois par semaine, les durées sont variables, tout dépend du travail et de ma forme. Yannick et Benjamin m’entraînent pour le saut et avec Fabien, je fais de la musculation. Je fais aussi quelques séances chez le kiné. Je suis bien encadré. »
Comment arrives-tu à concilier tes entraînements et tes études ?
« J’arrive bien à gérer les deux, les études et mes entraînements et je rajoute pour mes loisirs, la piscine et la musique, je joue de la batterie. »
Grâce aux conseils de Yannick, tu as gagné en souplesse. Et ça te réussit. Techniques d’appuis et de foulées, le saut en hauteur oblige une certaine rigueur non seulement dans la course d’élan, d’abord rectiligne, puis incurvée, et suivie d’une impulsion pour réussir parfaitement. Comment l’abordes-tu ? Quelle partie du saut te demande le plus de rigueur ?
« Ce sont les virages qui me demandent le plus de rigueur et sur les conseils de Yannick, je travaille davantage les quatre dernières foulées et mes appuis extérieurs. Je travaille aussi la réception sur le tapis, en fonction de la partie du corps qui touche en premier, la tête ou les épaules. »
Chaque athlète s’approprie des outils pour se préparer mentalement. Lors des compétitions, tu apparais serein. As-tu intégré une préparation mentale ? Et quelle importance lui donnes-tu par rapport à ta préparation physique ?
« Je dirais 50/50 , je pense que la préparation mentale est aussi importante que la préparation physique, les deux ensemble donnent une belle performance. S’il n’y a pas cet équilibre , ce sera une contre-perf ; alors je travaille pour trouver le juste équilibre. Je regarde mes vidéos et je m’inspire des sauteurs professionnels, j’écoute les conseils que me donnent mes entraîneurs, et, je me construis un schéma. »
Juste avant ton entrée en scène, quelles sont tes sensations ? A quel moment commence ta concentration, te faut-il beaucoup de temps, procèdes-tu par étapes ? Visualises-tu ton saut ? Quels sont les paramètres à ne pas négliger ?
« Lorsque j’arrive, je suis décontracté, je ne suis pas inquiet parce que la compétition, pour moi c’est l’aboutissement du travail fait en amont, ce qui est plus difficile, c’est ce qui se fait à l’entraînement… Commence alors un rituel : je me prépare, casquette, chaussettes, chaussures et je vais saluer tout le monde, c’est important pour moi…Puis échauffements 30 minutes , mes gammes, étirements et des foulées. Ensuite, je passe à l’analyse. J’aime voir sauter les autres. En fonction de leurs sauts réussis au 1er, 2e ou 3e essai, je développe une stratégie avec impasses sur certains sauts. Être détendu m’aide à me concentrer et quand vient mon tour, ma concentration est au maximum. (c’est d’ailleurs épuisant, une fois chez moi, je suis K.-O…). Je visualise mon saut , je me fais un schéma, c’est bien cadencé, rythmé c’est le même timing qui revient à force de sauter… Attention aussi à ne pas être trop confiant, ça peut être un piège. Il faut doser. »
Tu bénéficies d’un environnement très favorable, tes entraîneurs, bien sûr, mais aussi ta famille présente lors des compétitions. Je t’ai vu jeter un regard dans la direction de ton père, puis en direction de Yannick, juste avant de t’élancer ; c’était lors d’un meeting de sauts à Calais et tu avais franchi 1,97 m. Est-ce pour te rassurer ou cela te donne-t-il une motivation supplémentaire ?
« Ah ! Oui, je les regarde pour les rassurer, pour leur dire que je suis prêt. Ils ne doivent pas s’inquiéter. »
Les championnats de France, les considères-tu comme le début d’une très belle histoire ?
« Miramas, c’est une première récompense, faire une belle performance qui débouche sur les qualifications pour les championnats d’Europe avec un saut à 2,03 m. En attendant je vais peaufiner mon saut. »
Et comment te sens-tu ?
« Je suis en forme et ça ira crescendo jusqu’à dimanche ! »